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Comment s'engager ? : Le rôle central des associations. Exemple avec Océan Protection France

Dernière mise à jour : 12 janv. 2023

S’engager, oui, mais pourquoi? Le terme d’engagement est-il devenu un mot «fourre-tout» qui permet de légitimer une action quelle qu’elle soit sous couvert de bonne conscience et de bien-pensance? Ou revêt-il un sens porteur d'espoir pour un monde plus en harmonie?



Définir l'engagement


Revenons à son origine. Le mot engagement provient du latin médieval se ingnadiare qui signifie « s’engager à fournir des preuves », et invadiare « mettre en gage ». En 1671 il signifie « action de se lier par une promesse » et enfin au milieu du XXe siècle il revêt le sens de « attitude d’une personne qui met sa pensée, son art, ou ses actions au service d’une cause ».


Histoire et chemin faisant, ce terme nous pousse-t-il à agir selon une promesse ? Agir pour une cause, en y mettant nos talents au service de celle-ci? Mais pourquoi?


Ramassage de déchets à Saint-Malo. Hello Nouvelle Vague, NoumiSwim, Surfrider et Zéphyr Surf Shop.

Photo : @RenomStudio - Jean Reneaume



Ne serait-il pas finalement la promesse d’agir de manière aligner sur une cause qui nous transcende, nous transporte et nous tient à cœur? J’aime parler d’engagement et je le raccorde automatiquement au sujet de l’écologie. Pourtant il existe d’autres formes d’engagements ; politique, artistique, familiale…


Perte d'engagement vs ré-engagement


Nous pouvons constater que l'engagement dans certains domaines régresse chez les jeunes générations. Nous avons de plus en plus de mal à s'engager dans des relations amoureuses et nous nous marions moins, nous esquivons un café en un sms, et voter n'est plus une préoccupation. Nous nous demandons si nous souhaitons avoir des enfants ou bien nous quittons un travail après un ou deux ans d’expériences. Change-t-on de job, de conjoint, de ville comme on change une paire de chaussettes? Aujourd’hui on s’engage et se désengage en un clic, en une fraction de seconde, absorbés par le flux d'informations, de sollicitations, d'opportunités, de tendances et de "jamais assez". Oui, mais "la société évolue" vous me direz! Oui, mais submergés par le temps qui file et la multiplicité de l'information, souffrons-nous de la peur de l'engagement?


En contre poids, nous voyons une jeunesse qui recherche à s'engager, qui agissent de plus en plus. Ainsi nous voyons grandir un besoin de sens, qui est très flagrant au travail, on parle d'ailleurs de "grande démission" pour évoquer le mouvement de masse de changement de travail dit "bullshit job" pour un travail qui aurait du sens pour soi-même et la société.

L'engagement peut intervenir à partir du moment où une prise de conscience a eu lieu sur un sujet donné. Prenons l'exemple de l'écologie; je prends conscience que mon travail encourage la sur-consommation. Je ne suis pas en phase avec ses valeurs puisque je me suis rendue compte que la sur-consommation engendre la sur-pollution et donc abime la nature. Je décide de changer de travail car je ne peux pas continuer à contribuer à des valeurs contraires à mes nouvelles valeurs issues de ma prise de conscience. Je trouve un travail dans un secteur qui me convient mieux. Cela peut s'appliquer à d'autres causes.


Pour cela, il faut apprendre à s'écouter, déconstruire ses croyances et aller au delà du regard des autres. Laisser parler sa petite voix intérieure.


Comme nous pouvons souvent entendre parler de "ré-enchantement" , devrions-nous se ré-engager? Pourquoi? Pour déjà commencer à s’engager avec soi-même. Engager ses pensées ses paroles et ses actes à s’unir, s’engager à se respecter à respecter les autres et la nature? S’engager dans une relation et faire de son mieux? S’engager sans se rétracter à la moindre peur, la moindre angoisse ou flemme.


C’est ce que nous apprennent certaines activités comme le surf. Surfer requière de l’engagement de soi, y aller, se mouiller, sortir de sa zone de confort et s’engager sur la vague. Lorsque l’on prend une vague, on la surfe on ne fait pas machine arrière (sinon on attise la colère des autres qui convoitaient cette même vague…). L’engagement c’est donc bel et bien agir en engageant ses actions, ses pensées et son esprit à agir en accord avec des principes.


S’engager c’est donner quelque chose en contre partie : du temps, de l’argent, de l’attention, de l’amour… pour une cause, un métier, une personne qui nous tient à cœur.

Session surf à Cap Breton

Photo : @RenomStudio - Jean Reneaume


A titre d’exemple, je me suis engagée pour la protection de l’océan. Ce sujet m’est apparu primordial, pour plusieurs raisons. Comme toute bretonne attachée à son territoire, la mer est indissociable du milieu où je vis. En tant que surfeuse, c’est un espace de bonheur, de plaisir et de gratitude. Et enfin parce que lorsque l’on parle d’écologie, l’océan est central puisqu’il fait partie du cycle de l’eau, qu’il émet de l’oxygène, qu’il nous permet de nous relier, qu’il abrite une biodiversité marine incroyable et que tout finit un jour dans la mer.


Dans beaucoup d’ateliers de sensibilisation à la protection de l’océan (La Fresque Océane) que j’anime, des personnes évoquent le faible impact que nous aurions lorsque nous agissons de manière individuelle. Lors de ces ateliers, nous réfléchissons ensemble à des actions qui peuvent exister pour pallier à un problème que subit l’océan. Pour beaucoup ce sont des actions individuelles qui semblent les plus faciles à faire et à appliquer rapidement. Mais cela questionne certains participants qui remettent la faute sur les entreprises, en justifiant qu’elles polluent beaucoup plus et que les impacts seraient plus forts et plus visibles si nous agissions à la source. Oui, certes, mais cela est bien plus fastidieux et long. Et si le changement, ça commençait par soi?


Les différents niveaux d'engagement


Pour mieux comprendre l’engagement, par où commencer et à quel niveau agir, il existe quatre différents niveaux d’engagement. Claire Rosart l’a très bien détaillé, il s’agit de l’engagement au niveau microsome, de l’écosystème, de l’endo-système et de l’exo—système.


Les petits ruisseaux font les grandes rivières comme disait Antoine Furetière. Il s’agirait donc considérer ces 4 niveaux d’engagement comme des mécanismes qui s’accordent entre eux et qui sont indissociables. Comme des engrenages qui s’activent ensemble. Quand j’agis au niveau de mon microcosme, je mets mes compétences au service d’un engagement, je conscientise les problèmes et fais évoluer mes connaissances et mes comportements personnels face à cet engagement.


Une fois cet engrenage en route, j’active l’engrenage de mon écosystème, c’est-à-dire ce qui gravite autour de moi, mon univers professionnel, les associations dans lesquelles je suis investis et mes actions au niveau de la famille. Dans ce niveau je peux prendre le parti de changer de métier pour un autre plus en accord avec mes valeurs, ou bien de faire évoluer mon poste actuel en poussant des actions en interne de mon entreprise. Ce qui permettra à mon entreprise d’évoluer vers des valeurs communes. Au niveau associatif, je m’engage dans des associations en phase avec mes valeurs, ce qui va me nourrir, me faire rencontrer des personnes comme moi, qui partagent le même engagement.


Ainsi l’écosystème aura un impact sur l’engrenage de l’endo-système. Ce niveau 3 concerne ce qui est « plus grand que moi » et donc ce qui semble hors de ma portée, et pourtant ce mécanisme aura été enclenché par les 2 qui le précédent. Ainsi, la ville, l’état, les notions environnementales communes se verront évoluer à leur tour. Ce qui enclenchera le 4è niveau qui est l’exo-système, c’est ce que l’on appelle l’harmonie du vivant et la conscience collective.

Cette explication des quatre niveaux d’engagement permet d’avoir une vision globale et long terme plutôt qu’une vision cloisonnée. Agir au niveau individuel a un impact à la base de l’engrenage.


Sans prise de conscience individuelle, il n’y a pas de conscience collective et donc pas de changement possible!


Ainsi, les associations de préservation de l’environnement sont essentielles pour permettre au maximum de personne d’agir de manière individuelle. Les récoltes de déjà et la sensibilisation au sujet est à la base de tout engagement. De nombreuses associations existent dans l’hexagone, telles que la Surfrider Foundation Europe dont je suis bénévole (antenne 22-35).


Il existe également l’association Océan Protection France, qui a pour vocation de lutter contre la plastification de l’océan. Pour rappel 80% des déchets en mer proviennent des activités à terre, les 20% restants proviennent des activités directes en mer. Chaque année, c’est 8 millions de tonnes de déchets qui se déversent dans l’océan et le plastique représente 75% et alimente le 7e continent plastique.


Passer d'une vision cloisonnée à une vision d'un monde inter-connecté


Bien sûr, les premiers impactés sont ceux qui n’ont rien demandé, les animaux et végétaux marins. Ils sont impactés par les macro-déchets qui peuvent les capturer, mais aussi les plus petits déchets qu’ils ingèrent en les prenants pour des aliments, et enfin les microparticules de plastique qu’ils ingèrent sans s’en rendre compte et s’infiltre donc dans la chaîne alimentaire de la biodiversité marine. Plus un poisson sera gros plus il sera susceptible d’être chargé en polluants. Et c’est là que nous pouvons comprendre aisément que cette pollution que nous imposons à la nature, elle revient à nous, de manière invisible dans nos aliments issus de la pêche par exemple. De cette manière lorsque nous parlons de nature, il est indispensable de s'y sentir inclus.


Si nous brisons les codes de la société, bercée dans une vision décloisonnée des choses, nous pouvons mieux comprendre ces phénomènes. Tout est relié et interconnecté, avec une temporalité variable, mais chaque action à une répercussion sur une autre. Or, nous avons été bercés dans une société qui empêche d’avoir une vision systémique du monde, et c’est pourtant ce qu’il convient de faire pour voir que des moyens d’actions sont nombreux et peuvent être appliqués à plusieurs niveaux de la société.


L'association Ocean Protection France


Par exemple, participer à une récolte de déchets avec Océan Protection France, association que j'ai rencontré de manière fortuite lors de mon éco-aventure La Rochelle Biarritz, à Soulac-sur-mer. Ainsi pour les habitants de Soulac ou alentours, rejoindre Océan Protection France (Antenne Gironde) leur permettra de se rendre compte que nos déchets du quotidien sont ramenés à nos pieds sur les plages, emportés par les courants, le vent et les marées. Il comprendra ainsi que tout est relié. Ils auront donc envie d’agir à leur niveau pour éviter la création de déchets supplémentaires et la pollution plastique car ils auront été touchés par l’expérience d’en ramasser dans un milieu qui devrait être dénué de déchets. Puis l’engrenage des 4 niveaux d’engagement commencera à opérer. La boucle est bouclée.


Ramassage de déchets à Soulac-sur-mer - Association Ocean Protection France (Antenne Gironde).


Cet article a pour vocation de se questionner sur les effets de leviers des différents niveaux d'engagement et de montrer que l'action individuelle n'est pas vaine, au contraire, elle est à la base de l'engagement. Tout comme le plancton, si petit et invisible soit-il, qui est à la base de la de la santé de l'océan, puisque sans lui, tout s'écroule et rien n'existe, (comme aime à la rappeler si souvent, Pierre Mollo, expert du plancton).


Et si nous développions une vision décloisonnée et circulaire du monde?



Let's Grow the Wave of Change!


Article réalisé par Elise Garrault.

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