Dans une société capitaliste, scindée par l'individualisme et gouvernée par l'égo le vide se fait vite sentir. Non pas le vide matériel, ni temporel, car nous n'avons jamais assez de biens et que notre agenda a même fusionné avec notre réveil-matin. Nous parlons bien de ce fameux vide de sens. Alors on cherche à trouver du sens dans chaque chose et chaque action. Cela pousse de plus en plus de personnes à re-questionner le sens de leur boulot, de leurs relations ou encore plus largement, le sens de leur vie.
Et là, le vide, dans la définition sensoriel du terme, est parfois nécessaire. Mettre de côté sa vie comme une parenthèse et retrouver ce qui nous manque, le pourquoi, le lien, la nature, notre nature profonde, le bien commun...
C'est ce que j'ai ressenti lorsque je suis allée à la rencontre de l'équipe Wings of the Ocean en mission dans la bassin d'Arcachon. Des femmes et des hommes qui prennent le contre-pied en immersion totale, engagées et résolues à requestionner leurs modes de vie, leurs certitudes et leurs actions, dans une sorte de résidence-campement alternatif que je ne risque pas d'oublier.
L'association Wings of the Ocean a été créée en 2018. Au début de l'aventure, Julien Wosnitza , le fondateur de l'association avait comme ambition de dépolluer sur et sous les océans. L'objectif était de créer des grands filets de chalutier, non pas pour capturer du poisson mais bien pour repêcher du plastique.... Il se rend vite compte que c'est une grande utopie que de vouloir ramasser du plastique en mer, il décide de changer de modèle associatif.
Il faut aller prélever les déchets au point de non retour : les plages , les berges au bord du littoral. La mission de Wings of the Ocean est de dépolluer les littoraux, lutter contre la pollution plastique et mettre en lumière cette problématique plastique. Ainsi, naissent 6 missions dans l'association et des antennes locales dans plusieurs villes de France comme Paris, Grenoble, Lyon, Marseille. Les antennes sont animées par des bénévoles qui proposent des actions de ramassages et sensibilisation tout au long de l'année.
Les missions Wings of the Ocean
Bien plus qu'une association, les missions de Wings of the Ocean ont pour but d'accueillir et nourrir des bénévoles qui s'engagent sur une durée plus ou moins longue, d'un mois, jusqu'à sept mois. Une véritable immersion dans un environnement et un engagement au quotidien.
Durant chacune des missions les bénévoles se mobilisent pour trois ramassages de déchets par semaine, des actions de sensibilisation, dans les écoles et les marchés municipaux, des manifestations silencieuses ou encore des ciné-débats. Autant d'actions pour bousculer les mentalités en local, menées par un groupe qui agit au quotidien comme des saisonniers engagés contre la pollution plastique.
Immersion dans la Mission du bassin d'Arcachon
L'objectif de la mission du bassin d'Arcachon est de s'implanter localement, créer des liens et un réseaux d'acteurs engagés; avec les acteurs locaux, les associations, les entreprises, et les municipalités. Durant cette mission, c'est la vie en comunauté qui prime et qui a pour objectif de consommer mieux mais moins. En réduisant les consommations et de manière la plus responsable possible, en tendant vers le zéro déchet, en essayant de réduire au maximum la consommation d'eau et d'électricité du lieu.
Durant une collecte de déchets sur les plages, de prime abord on ne voit rien, mais quand on regarde de plus près on se rend compte qu'il y a énormément de micro-plastiques. Les bénévoles sont les témoins du devenir du plastique qui rentre ensuite dans le cycle de l'eau.
Une fois que les déchets sont récoltés, ils sont ensuite triés et catégorisés. Il existe 33 catégories, ce qui permet de faire une estimation précise du types de déchets trouvés afin de réaliser une cartographie de l'état des lieux du territoire. Tous les déchets collectés sont stockés, et l'objectif est de transformer ces déchets pour qu'ils ne retournent pas dans le cycle de l'eau et donc dans l'océan.
Toutes les données collectées vont sur une plateforme de sciences participatives accessibles à tous, notamment des scientifiques, pour mettre en lumière des problématiques spécifiques. Les données en locales peuvent être utiles pour les municipalités et les acteurs locaux. Une collecte c'est bien, trier et caractériser ce que l'on collecte c'est encore mieux !
Alors oui, ces nettoyages sont des gouttes d'eau dans l'océan comparés aux quantités de déchets qui se déversent chaque minute dans l'océan, mais il n'y a pas de petites actions. Nous pouvons tous, à notre échelle, contribuer au changement des mentalités et des comportements. Il faut prendre conscience que l'océan est lié à l'environnement en général, sans obligatoirement vivre au bord de la mer, on a tous un fleuve ou une rivière près de chez nous ! Et puis, il est important de s'informer toujours plus pour comprendre et avoir envie d'agir.
Evidemment la meilleure manière pour changer c'est d'aller sur le terrain, en allant face à cette pollution. Pour cela, s'engager dans une association offre un cadre qui nous permet de mieux protéger l'environnement. C'est aussi l'occasion de profiter d'une immersion dans la nature, ce qui renforce notre lien avec celle-ci et procure du bien-être.
Pour la responsable de cette mission (Kina Vujanic-Beck), s'engager pour l'océan lui a permis de trouver un travail en phase avec ses valeurs. Cela lui a donné un sens qui lui permet de se lever le matin en sachant pourquoi elle agit. C'est également une manière de s'engager pour soi-même, car en faisant du bien à la terre on se fait du bien à soi également.
Le message que l'association aimerait faire passer : Réussir à se réveiller et prendre conscience de nos multiples liens avec la terre et l'océan, et enfin passer à l'action !
À gauche Kina Vujanic-Beck, à droite it's me!
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